
Une langue meurt tous les 40 jours
La prochaine victime du dérèglement climatique ? La langue ! Quelque 3 500 langues sont menacées de disparaître d’ici 2100. En cause : la colonisation, la mondialisation et le réchauffement climatique. Or, à chaque langue autochtone qui disparaît, c’est un morceau unique d’histoire, de savoirs et de culture qui disparaît.
Les chiffres de l’ONG américaine Language Conservancy sont sans appel : le nombre de langues uniques parlées dans le monde ne cesse de diminuer. Chaque année, ce sont ainsi 9 langues qui disparaissent. Autrement dit : une langue meurt tous les 40 jours. Si nous ne prenons pas ce problème à bras le corps, la moitié de nos 7 000 langues s’éteindront d’ici la fin de ce siècle, à en croire les prévisions de l’UNESCO. Un grand nombre de langues autochtones parlées notamment en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Australie disparaîtront à jamais.
Changement climatique
Les langues autochtones s’éteignent parce qu’elles ne sont souvent pas reconnues par les autorités ou qu’elles ne sont pas enseignées. Mais la crise climatique joue aussi un rôle : un grand nombre de communautés linguistiques vivent dans des régions menacées par l’élévation du niveau de la mer, les inondations, la chaleur ou la sécheresse. Ces menaces les obligent à fuir, marquant la dissolution de leur communauté. Cette fragmentation et le contact avec d’autres langues, plus « dominantes », sonnent souvent le glas des langues minoritaires, qui n’étaient parfois déjà plus très vaillantes.
Une grande perte
Les chercheurs mettent en garde contre la perte non seulement de langues, mais aussi de diversité grammaticale. La grammaire d’une langue est l’ensemble des règles convenues pour former les mots et les phrases. Ces règles linguistiques diffèrent d’un endroit à l’autre et, souvent, elles changent aussi au fil du temps. La disparition d’une langue — et de sa grammaire — a donc de lourdes conséquences. À chaque fois, c’est un morceau unique d’histoire, de savoir et de culture qui disparaît.
Décennie des langues autochtones
Désireuse d’endiguer la disparition de nos connaissances linguistiques, une équipe internationale de chercheurs a élaboré « Grambank », une banque de données reprenant les langues et leur grammaire. Elle contient déjà plus de 2.400 langues, mais devrait encore s’enrichir. Les Nations Unies ont aussi conscience de l’importance de la diversité linguistique et de la préservation des langues autochtones. L’organisation a dès lors proclamé la période comprise entre 2022 et 2032 « Décennie internationale des langues autochtones ». Peut-être aidera-t-elle à sauver toutes ces précieuses « petites » langues ?
