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Un nouvel anus à chaque grosse commission ?

Et si les parties de votre corps n’apparaissaient que quand vous en avez besoin ? Comme chez la méduse américaine, dont l’anus ne surgit que quand elle doit faire la « grosse commission ». Avant de redisparaître.

Quand on regarde une méduse américaine, il n’est pas évident de distinguer le haut du bas (petit indice : généralement, elle nage et se repose avec la bouche vers le haut). Et ce n’est pas forcément plus facile au microscope, car la méduse américaine n’a pas toujours d’anus. Vous avez bien lu ! Cette méduse a un anus qui apparaît et disparaît.

En cas d’envie pressante

Le phénomène de l’anus éphémère a été découvert par Sidney Tamm, du Marine Biological Laboratory, en 2019. Avant cette découverte, on en savait peu sur leur anus. La méduse possède à l’arrière deux structures appelées « grands lobes anaux ». L’un de ces lobes gonfle plus que l’autre quand la méduse a une envie pressante. Désormais, la science confirme que c’est seulement à ce moment qu’apparaît un anus, dans la partie plus gonflée.

Si vous examinez l’animal au microscope, vous ne verrez aucun orifice avant le début de la défécation. Pourtant, il y a tout ce qu’il faut à l’intérieur : une bouche, un estomac et des intestins, par où la nourriture de la méduse américaine transite entièrement. Ce n’est que quand l’envie devient pressante que l’intestin fusionne avec la couche externe de cellules, ce qui provoque une ouverture : l’anus. L’orifice reste ouvert tant que la méduse fait ses besoins. Puis il se referme.

Toutes les 10 minutes

Cette métamorphose n’a pas l’air bien agréable... On pourrait donc penser que les méduses limitent leurs « passages aux toilettes » au strict minimum. Mais rien n’est moins vrai. Chez une grande méduse adulte, l’anus apparaît et disparaît environ toutes les heures. Les larves des méduses forment même un nouvel anus toutes les 10 minutes.

Les méduses américaines sont (à ce jour) les seuls êtres vivants à anus éphémère. La conduite d’études complémentaires sur leur anus « intermittent » pourrait contribuer à expliquer la genèse des anus permanents dans d’autres espèces. Y compris la nôtre.