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Piratage quantique : vos secrets sont-ils en sécurité face à un ordinateur quantique ?

Les ordinateurs quantiques s’améliorent constamment, mieux vaut donc être sur ses gardes. En effet, les ordinateurs quantiques sont capables de craquer rapidement des codes très complexes — y compris ceux qui protègent nos données en ligne en ce moment même. Mais alors, nos secrets sont-ils en sécurité face à ce type d’ordinateur ?

Nous disséminons un nombre incalculable de données privées un peu partout — des e‑mails aux transactions de banque en ligne, en passant par les documents sur le cloud. Leur confidentialité est assurée par un « cryptage » : des clés numériques qui sécurisent les données. Un peu comme un coffre-fort. Vous n’avez accès aux informations contenues dans le coffre-fort que si vous en possédez la clé. Le verrou est généralement composé de centaines, voire de milliers de chiffres, et la clé correspondante consiste en deux nombres qui, après multiplication, donnent le code.

Pirate quantique

Les pirates qui utilisent un ordinateur classique ne pourront jamais faire sauter ce verrou numérique — il faut un temps infini pour calculer les séquences qui correspondent au code. Mais ils y arriveraient très bien avec un ordinateur quantique très puissant ! Si les ordinateurs classiques travaillent avec des bits (des 0 et des 1), l’ordinateur quantique utilise des « qubits » qui — grâce aux lois étranges du monde quantique — peuvent être en même temps un 0 et un 1. L’ordinateur peut ainsi effectuer plusieurs calculs en même temps, ce qui le rend beaucoup plus rapide. Autrement dit : il est capable de calculer en quelques heures les séquences permettant de déchiffrer le code. Et adieu la sécurité !

Clé quantique

Pour le moment, il n’existe pas encore d’ordinateur quantique assez puissant, mais certains experts estiment que ce sera le cas dans 10 ans. En plus, ces ordinateurs quantiques pourraient craquer des codes avec effet rétroactif : les pirates pourraient donc collecter des données cryptées aujourd’hui pour les décrypter dans quelques années.

Les travaux vont donc déjà bon train pour développer une cryptographie post-quantique afin de préserver les secrets étatiques et bancaires, aujourd’hui et demain. En 2016, le National Institute of Standards and Technology (NIST) américain a ainsi lancé un concours mondial à l’intention des cryptographes, afin de trouver des solutions à l’abri de l’informatique quantique. Sur les dizaines de participations, seules quelques alternatives proposées sont toujours dans la course.

Une autre option réside dans le principe can’t beat them, join them (si vous ne pouvez les battre, ralliez-vous à eux), c’est-à-dire ici d’utiliser la technologie quantique pour s’en protéger. La distribution quantique de clés consiste ainsi à transmettre des impulsions lumineuses et à mesurer leurs propriétés à l’arrivée. Toute tentative de copie modifie les informations originales. L’inconvénient ? La communication par impulsions lumineuses nécessite des réseaux quantiques (qui ne sont pas encore suffisamment au point), elle est sensible aux pannes et elle ne fonctionne pas (encore) bien sur de grandes distances.

L’avenir

Les experts pensent qu’une combinaison de ces deux méthodes de sécurisation (cryptographie post-quantique et distribution quantique de clés) peut offrir une solution pour la protection des données sensibles. Mais il est difficile de prédire si ces méthodes seront encore assez sûres dans un avenir plus lointain.