
Peur des pilleurs de tombes ? Investissez dans une mine funéraire !
Aux XVIIIe et XIXe siècles, les morts ne pouvaient pas encore prétendre au repos éternel. Leur dernière demeure était souvent la cible de pilleurs de tombes. Un arsenal de moyens de défense a vu le jour en réaction au phénomène.
Préserver la sérénité des défunts enterrés était un véritable défi dans l’Angleterre et l’Amérique des XVIIIe et XIXe siècles. L’époque connaît un intérêt croissant pour l’anatomie et la chirurgie, mais leur étude nécessite naturellement des corps, une ressource rare. Les amateurs peuvent certes utiliser ceux de criminels exécutés, mais ils ne sont pas suffisants. Conséquence ? Il se développe un commerce lugubre — et illégal — de cadavres. Des pilleurs de tombes déterrent les corps et les vendent aux chirurgiens et aux étudiants en médecine.
Tombes blindées
En réaction aux vols de cadavres, un arsenal de moyens de défense fait son arrivée sur le marché. Le pistolet de cimetière, par exemple, est une arme à feu posée sur une base pivotante installée sur la tombe. Le profanateur qui approche le déclenche en se prenant les pieds dans l’un des fils gâchettes.
Une particularité commerciale : le pistolet de cimetière est proposé à la location ! En effet, seuls les cadavres « frais » se monnayent. Passé un certain délai, il n’est donc plus nécessaire de protéger le cercueil. Toutefois, le dispositif a aussi ses limites. Comme il se trouve en surface, le pistolet de cimetière est vite remarqué et peut donc être évité, voire désamorcé.
Rapidement, quelqu’un invente une meilleure solution : la mine funéraire ! Dans un premier temps, elle se composait de petits fusils de chasse, placés dans le cercueil et tirant des balles en plomb dès qu’un profanateur en soulève le couvercle. Mais d’autres variantes apparaissent ultérieurement, avec des explosifs qui sont enterrés au-dessus du cercueil et qui se déclenchent comme des mines terrestres.

Nouvelles lois
Le marché noir de cadavres meurt subitement — lui aussi — lors de l’instauration de nouvelles lois, qui autorisent notamment les écoles à disséquer les corps de défunts indigents non réclamés et qui imposent l’obligation de déclarer les corps disponibles. À la même époque, les techniques de conservation des corps s’améliorent aussi, marquant la fin du commerce illégal de cadavres, et donc aussi de la nécessité de protéger les sépultures.