BlurHashZee

« Patates » d’eaux profondes : une bonne idée de les « récolter » ?

Les fonds marins abritent de précieux métaux très intéressants pour la transition de notre économie. Un phénomène suscite plus d’intérêt que les autres : les nodules polymétalliques, qui renferment du manganèse, du nickel, du cuivre et du cobalt. Mais leur exploitation recèle bien des risques pour la nature. La question, donc : est-il vraiment avisé de les exploiter ?

Ces galets de la grosseur d’un poing jonchent le plancher océanique, à plus de 4 kilomètres de profondeur. Ce sont des nodules polymétalliques, ou nodules de manganèse, parfois comparés à des pommes de terre en raison de leur forme. Ces nodules se sont créés au départ de métaux qui, dissous dans l’eau de mer, se sont agglomérés autour d’un morceau de pierre, de coquillage, d’os, voire de dent de requin. Les nodules contiennent du manganèse, du nickel, du cuivre et du cobalt. Autant de métaux précieux qu’aimeraient « récolter » de nombreuses entreprises.

Exploitation minière des fonds marins

Les nodules polymétalliques ont un énorme potentiel pour le verdissement de notre économie. Le cobalt, par exemple, entre dans la fabrication de batteries pour voitures électriques, tandis que le cuivre est exploité dans les éoliennes.

D’ici 2050, la demande de cuivre devrait dépasser le million de tonnes par an rien que pour les solutions d’énergie verte. Et comme il est de plus en plus difficile de trouver de bons filons pour son extraction sur terre, les regards se tournent vers l’océan pour de nouvelles exploitations minières.

Des écosystèmes fragiles

L’extraction de métaux précieux du plancher océanique permettrait d’éviter certains problèmes causés par les activités minières terrestres. Mais quid des écosystèmes marins ? Coraux, anémones, concombres de mer, éponges... et probablement bien d’autres espèces que nous n’avons pas encore découvertes vivent dans et autour des « champs de nodules ». Les scientifiques craignent pour cette vie sous-marine si l’exploitation minière vient en perturber l’environnement.

Une expérience menée dans les années 1980 a déjà démontré quelle pourrait être l’ampleur des dégâts. À l’époque, les scientifiques ont simulé des activités minières en labourant une portion du plancher de l’Océan Pacifique. Il y a quelques années, des océanographes sont retournés voir le site et qu’ont-ils constaté ? L’écosystème, lourdement impacté par l’expérience, n’a toujours pas retrouvé son état d’origine. Une quarantaine d’années plus tard, les dégâts sont toujours bien visibles.

Opposition

La résistance s’organise donc : bon nombre de scientifiques et d’experts demandent de reporter l’extraction minière en eaux profondes tant que ses conséquences écologiques ne sont pas mieux connues. Dans le même temps, de nombreuses entreprises sont déjà dans les starting-blocks et veulent lancer les opérations au plus vite. Le combat s’annonce âpre.